Trucs et astuces

Par ordre alphabétique : chambre en ehpad, fugue, grenouillère, jogging, lunettes, montre, pant, permis de conduire, refus traitement, sécuridrap.

CHAMBRE EN EHPAD

Le médecin coordonnateur vous relancera plusieurs fois pour mettre des photos, si chères aux ehpad, mais en général les malades ne savent plus interpréter les photos, celles-ci sont trop 'plates', par ailleurs ils ne sont plus trop physionomistes en 3d alors en 2d... Essayez plutôt d'agencer un petit salon, pièce indispensable pour faire 'maison', foyer, puisqu'il n'y en a pas ailleurs... Il ne s'en servira pas seul car ils n'aiment guère rester seuls dans leurs chambres, mais si vous le visitez souvent il en profitera bien, avec vous. Et puis vous, vous finirez par en avoir assez d'être dans le 'lieu de vie', parfois bruyant, parmi les tables et les chaises, assez les unes sur les autres, qui finiront par vous étouffer. Un petit divan pour 2 personnes, une petite table basse roulante (5€), un meuble TV (15€) et un lampadaire (7€) suffisent. Leboncoin est un moyen d'acheter vraiment pas cher, mobilier que vous pourrez revendre quand votre proche quittera l'ehpad. Très sincèrement cela vaut vraiment le coup, faites un coin 'salon, comme à la maison' et de façon à ce que vous vous dites 'C'est chouette' quand vous ouvrez la porte de sa chambre. Et si vous avez la chance de voir assis 'la vie' au travers de sa fenêtre, placez le divan en conséquence, il aimera regarder dehors, avec vous. Mettez aussi une télé sur une chaîne sportive ou musicale avec clips, ils ne comprennent plus les autres chaines généralistes genre France 2 ou autres.
Ceci dit, c'est en étant dans le 'lieu de vie' pendant 6 mois (je n'ai acheté le divan qu'au bout de 6 mois d'ehpad), que j'ai pu voir et entendre un certain nombre de choses...
Sur la photo ci-dessous à droite, sa TV n'était pas encore installée sur le meuble.


FUGUE
Téléphonez aux urgences de l'hôpital le plus proche du lieu de la perte ou fugue de votre proche. Il n'est pas rare que dans l'heure qui suit votre proche tombe en trébuchant sur un trottoir et qu'un passant fasse le 15 qui l'amènera aux urgences de l'hôpital le plus proche. Oubliez la police, elle ne fera pas grand chose, pour ne pas dire, rien. Écrivez le nom de votre proche et un n° de portable sur quelque chose qui ne peut enlever, une étiquette cousue quelque part par exemple. Les 'pertes' de malades lors d'une promenade arrivent, même encadrée par un accueil de jour, un moment d'inattention est vite arrivé.

GRENOUILLÈRE
Quand vient le moment des pants la nuit, c'est compliqué car la démence les rejette -> le malade les enlève pendant la nuit.
La solution, plutôt que de lutter pendant des semaines avec le malade, est de lui mettre une grenouillère, bien pratique et pour tout le monde. 
Elle a aussi le mérite de laisser le malade habillé, et correctement, car la nuit il peut vider l'armoire et vous faire un défilé très atypique….
Je n'ai malheureusement pas connu cette astuce au moment voulu et c'est bien dommage, car elle nous aurait, mon père et moi, épargné bien des batailles. Toutes sortes de grenouillères existent sur le net mais pour la maladie il faut absolument une ouverture dans le dos. Tissus extensible si vous trouvez, plus confortable à mon avis.

JOGGING
Quand les braguettes et les ceintures deviennent des obstacles trop compliqués et surtout trop longs à défaire pour aller aux toilettes à temps, mieux vaut utiliser les joggings. Sans élastique aux chevilles pour plus de facilité à l'enfilage. Très conseillé dès l'entrée dans une unité fermée, ehpad ou hôpital, où la quête des toilettes est de coutume.

LUNETTES
Collez une étiquette avec le nom de votre proche sur une branche de ses lunettes avant de le laissez seul quelque part sans vous, halte répit, accueil de jour, ehpad, hôpital, etc, car les malades ne savent plus reconnaître leurs lunettes et peuvent prendre celles d'un autre, ou les oublier ou les perdre. Elles peuvent disparaître plusieurs jours voire définitivement. Si vous refaites ses verres ne mettez pas un traitement antireflet, car les antireflets sont vraiment trop salissants pour un malade qui ne prend pas de gant pour toucher ses lunettes, et verres pas toujours nettoyés dans les ehpad. Par contre gardez un traitement anti-rayure, durci donc.

MONTRE
Dans les ehpad, tôt ou tard votre proche enlèvera sa montre, si elle est à aiguilles, et la mettra dans sa poche...qui finira dans la machine à laver de la lingerie. Si vous avez la chance de la retrouver et en état de marche, ne lui redonnez pas. Il y a de fortes chances qu'il l'ait enlevée car il ne sait plus lire l'heure avec des aiguilles. Si vous voulez malgré tout lui redonner, et qu'elle est étanche pour la douche, mettez lui un bracelet plastic ou silicone (pas de bracelet extensible) que vous attachez avec du fil épais et costaud en passant par les trous afin qu'il ne puisse plus l'enlever. Il existe aussi des montres toutes simples, suffisamment étanches pour la douche, digitales (pas à aiguilles), à gros chiffres, à régler sur 12 heures et non sur 24, elles seront dans les magasins de sport, difficile de trouver ailleurs. A Décathlon 8 €, 2 tailles, une pour homme, une pour femme. Attachez la avec un fil costaud. Il lira mieux qu'avec des aiguilles, heure qu'il ne comprend plus trop la plupart du temps sans s'en rendre compte, mais il aura pu la regarder et ne ressentira pas le manque. Il sera content (estime de soi) et il aura un objet quand il retrousse sa manche (il sera rassuré).

PANT
Un jour viendra l'obligation de lui mettre des pants (protections urinaire et fécale qui s'enfilent comme un slip), il existe différentes tailles et capacités d’absorption. Vous commencerez par lui en mettre que la nuit, pas parce qu'il devient incontinent urinaire mais parce qu'il ne trouve plus les toilettes à temps car il ne se repère plus dans l'espace même parfois chez lui. Il y a donc des 'accidents' un peu partout, rarement dans les draps. Ils perturbent le malade ainsi que sa nuit, et prennent le risque de le faire glisser sur ses flaques d'urine, et de tomber. Quand le moment viendra de lui en mettre un aussi le jour pour les mêmes raisons, il n'y aura aucun problème, il y sera déjà habitué. A l'hôpital ou à l'ehpad il ne trouvera pas les toilettes, donc mieux vaut lui en mettre dès son entrée, de jour comme de nuit, car mieux vaut porter un pant que personne ne voit plutôt que d'être humilié à se faire dessus car tout le monde l'a vu. Et lui-même finira par comprendre qu'il est bien plus serein avec. Il existe aussi des protections urinaires spécifiques aux hommes (genre protège slip épais) qui se collent devant au niveau du pénis. Très bien pour le jour à la maison, pour les petites fuites sur le chemin des toilettes.

PERMIS DE CONDUIRE
Nous percevons bien quand le malade n'est plus capable de conduire, le malade beaucoup moins, surtout si c'est un homme. Il sera tout à fait conscient de sa perte de capacité à, mais ne l'admettra jamais. Le retrait du permis officiel est compliqué, il s'effectue lors d'un jugement, au tribunal, ou sur la route pour conduite en état d'ivresse. Il serait cruel de lui confisquer ses clefs de voiture : destitution, humiliation, colère, infantilisation, rien ne sert de lui en rajouter. Contactez son assurance automobile. La maladie diagnostiquée, est-il toujours couvert par l'assurance ? Dans la négative, c'est LA solution. Puis essayer de revendre sa voiture si vous pouvez, pour ne pas l'inciter à. Mon père a fini par avoir peur de conduire, sans l'avouer, mais voulait toujours conduire, il voulait donc que je l'accompagne pour le rassurer. J'ai fini par lui dire que je venais avec lui que si je conduisais, s'il refusait il y allait seul. Il n'a plus conduit. Un an après il a voulu reconduire mais cette fois avec ma voiture, avec moi comme passager. Je ne l'ai pas contrarié, je lui ai donné mes clefs, je savais qu'il n'arriverait pas à mettre le contact. Il est descendu de lui-même de voiture après s'être assis 5 mn à la place du conducteur. Il n'en a plus jamais reparlé.

REFUS TRAITEMENT
Avant qu'il commence les neuroleptiques, il refusait de prendre ses cachets. C'était tout un cinéma et une longue négociation, grosse consommatrice d'énergie et de patience, denrées précieuses de l'aidant, sans nécessairement arriver à un résultat. Le problème a été résolu en faisant appel à un infirmier.

SECURIDRAP
Quand le malade déambule au moins une nuit sur 2, et qu'il tombe la nuit ou dort trop le jour, je suis pour le sécuridrap, l'hôpital aussi, l'ehpad est contre, évidement. En tous les cas, pour mon père il était fait pour lui.
C'est globalement un grand sac de couchage attaché à son lit, au niveau des pieds et de la tête, le malade dort dans ce sac et il ne peut en sortir seul. Mon père a mis 10 jours pour l'adopter, plusieurs semaines pour le pant, ce n'est donc pas une sinécure. Et avec un sécuridrap plus besoin de grenouillère, le pant suffit. Avec le sécuridrap il passait enfin de bonnes nuits.